• Le Grave mémoire

     

    Le grave mémoire

     

    L’OUTRE PASSÉ 

    Le Grave Mémoire

             Que sont les souvenirs devenus ? Tel pourrait être le sous-titre de l’exposition de gravures que présentent Olga Verme et Philippe Dessein à la Galerie Lyeuxcommuns 27 rue Etienne Marcel à Tours

    Les cuivres gravés d’Olga évoquent les mères d’Amériques du Sud à la recherche de leurs disparus depuis les années 1970.

    Alzheimer ! s’exclame Philippe qui designe   d’eau en eau forte la lente perte d’identité apparue chez sa propre mère.

    Exposition à double visage où se mêlent présentes absences et absente présence.

    samedi 13 et  dimanche 14 septembre de 16 h à 19 h 

    samedi 20 et dimanche 21 septembre de 11 h à 19 h.

     

    Le diaporama contient 21 Eaux Fortes de Philippe Dessein.  Le diaporama complet se trouve sur le blog poésie de la Quinzaine Littéraire. 

     

    Le Grave-Mémoire

     En fouillant dans - Mémoire - j’ai vu des mots : alexie, agraphie, aphémie, agnosie, dysphasie, dysmnésie, dyschronie. Le neurologue ne les a pas prononcés. A l’école, je ne les ai pas appris. Je vois les définitions assises à côté de moi. Nous avons quitté le cabinet du spécialiste. Tu n’as pas entendu ses mots.

     J’ai retenu ce mot : Alzheimer. Alzheimère rime avec guerre.

     Maman – pétrir. Maman – pétrifiée, quelqu’un gagne, quelqu’un d’autre te gagne.

     Glu/sève/glue/sève/glu/sève/glu…

     Dans « Poteaux d’angle » Henri Michaux * écrit :

     « Tu laisses quelqu’un nager en toi, aménager en toi, faire du plâtre en toi et tu veux encore être toi-même ! » 

     Mais Maman ! C’est toi qui fais du plâtre en toi !

     Tu veux être chez toi dans les hauteurs ? Tu deviens de plus en plus légère, je pourrai bientôt te porter sur un bras. Toi qui m’as porté.

     J’ai mal à ta mémoire. Ton visage ne disparait pas, tu n’es pas torturée par la douleur. C’est derrière tes yeux que tu ronges le présent, l’hier et aujourd’hui.

     Maman, dans ta tête, ça ne résonne plus ?

     L’hippocampe portant corne d’Ammon et gyrus denté s’ébroue, se cabre, s’avoue vaincu.

      Il calque son pas sur celui du manège de bois. Le praxinoscope perd ses images une à une.

     Revanche du ver à soi qui absorbe le tissâge. Ta tête est un cocon en forme de nuage.

     Avertissement

     Au sein de mots où l’enfant crût : le blanc, rongeuse éclipse. Le texte qui suit est lisible avec les yeux, seulement avec les yeux, avec les yeux doués de la mémoire des mots. Version ou thème, thème ou version que la traduction de la langue maternelle dans sa langue maternelle ?

     Quand tes mots se trou ent sur le b ut de  ta langue

     Vendredi  ou  sa edi

     Tu  es  venue  me  voir mais  je  perds  la  mémoire

     Dis-moi,  tu  es   v nu   pourq oi

     C’est  bien  ça  le  b uquet  de  fleur  dans  le   bo al

     Changeo s-le   jetons-le   el es   perdent   l urs   p tales

     ou  je  changerai  l’ au   ell   e t   v eille 

     on   v rra   c’est   l   c aleur   ici   il   fa t   t op   lou d

     de ors  sur  le  b lcon  au si   i   f ut  q e   j’arr se

     c’ st   l’ét   en  ju llet  no mal  de  s  ison

     Vend edi   o    s medi  au ourd’h i   on   e t   m rdi   non   m r redi   d cid ment !

     Heur us ment   je  marq e   t ut   dan   l’ genda 

     

                                                                                                     Philippe Dessein   

     

    * Henri Michaux « Poteaux d’angle »  L’Herne 1971 ; page 10